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Empreinte Cosmique
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Présentation

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Empreinte cosmique, Sandra Matamoros, Galerie Dix9, du 28 juin au 20 juillet 2023  

« Explorer l’univers, c’est tendre un miroir vers nous-mêmes. »  

Bill Diamond, directeur du Seti* 

« Se pourrait-il... ? 

-Quoi ?  

-Vous dites « du ciel » ? 

-De la Terre.  

-La Terre, un nom, rien. Mais... en arrivant au sommet du col tout à l’heure... » Il se toucha la nuque. « J’ai eu une impression de ... »

Dans la nouvelle « Rencontre Nocturne » de Ray Bradbury (1) deux personnages se rencontrent par une nuit scintillante. Un dialogue s’instaure entre eux ; chacun parle de sa destination. Peu à peu, au cours de l’échange on comprend que s’ils sont en présence l’un et l’autre, ils ne sont pas dans le même temps et que ce décalage temporel modifie l’environnement dans lequel ils évoluent. Chacun voit et vit la réalité de son espace avec sa propre perception, faisant de l’un le fantôme du passé de l’autre et inversement. Au moment de se dire au revoir, « leurs mains ne se touchèrent pas, elles s’interpénétrèrent. »  

 

Inspirée tout autant par la science-fiction, la géométrie sacrée, l’astrophysique et la spiritualité, Empreinte cosmique, l’exposition personnelle de Sandra Matamoros à la Galerie Dix9 invite à reconsidérer la réalité et interroge sur le rapport Terre, Cosmos et Humanité. Depuis le premier être humain à lever les yeux vers le ciel nocturne jusqu’aux missions spatiales actuelles, le cosmos fascine. L’origine de la vie y serait inscrite quelque part dans son infini et par l’observation de l’univers, que Galilée comparait à « un très grand livre qui se tient ouvert constamment devant les yeux », il serait possible d’avoir des réponses au grand mystère du vivant. Cette conviction imprègne toute la démarche de l’artiste. Comment comprendre que rien n’est isolé, que tout est connecté ? Comment percevoir ce qui nous entoure par-delà les apparences, mettre en relation le macrocosme et le microcosme ?  Est-il possible de (se) penser dans un autre temps ? Sommes-nous vraiment, comme l’annonce l’astrobiologiste Nathalie Cabrol (2), « à l’aube de nouveaux horizons » ?   

 

Ce deuxième opus du projet avec le cube miroir (3) présente un ensemble d’œuvres où l’artiste met en scène selon différents médiums (photos, volumes, film et installations) l’objet géométrique, illusionniste par excellence, qui piège la perception autant qu’il émerveille. Si Empreinte cosmique suggère une inscription physique dans l’espace (trace, marque, relief), elle est ici envisagée pour sa qualité à faire image sensible, à la fois symboliquement et poétiquement. Comme pour contrecarrer l’expression célèbre de Jean Cocteau « Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu plus avant de renvoyer les images », ses dispositifs viennent décupler les capacités de réflexion(s) du cube-miroir, et renvoient de fait des images à plusieurs temporalités et strates de profondeurs, dans un même mouvement d’incorporation et de réfraction. Souvent trompeuses, les surfaces réfléchissantes n’en sont pas moins des voies de passage vers une vérité de l’instant et une expérience du temps et de l’espace. D’où le caractère magique qu’on leur prête.  

En ce sens, l’installation du cube-miroir, dans sa taille la plus importante (75x75 cm), posé au milieu de la galerie sur une étendue de sel, remplit cette fonction du sacré. Tandis qu’un son sourd résonne à l’intérieur du volume et que de minces faisceaux de lumière filtrent des bords, soulignant sa forme géométrique parfaite - carré du carré, symbole de la stabilité et du monde matériel en opposition à la sphère, symbole du monde céleste -, il est, tel un totem miroitant et mystérieux. Ce faisant, en donnant à expérimenter différentes perspectives du lieu, dans lesquelles le visiteur se voit réfléchi lui aussi - et même plusieurs fois ! – l’objet acquiert ce « supplément d’être » (4), par lequel sa présence s’intensifie, et remplit ce rôle d’intermédiaire « pour que le spirituel puisse saisir le corporel » (4), état propice à l’expérience méditative. 

Ce phénomène de l’inclusion, pour lequel plaide Nicolas Bourriaud (5) dans une conception nouvelle de l’art, on le retrouve dans les photos présentées en contre-point de l’installation centrale. La série peut se lire comme un voyage du cube-miroir qui commencerait dans l’immensité de la nuit, traverserait l’espace, aurait exploré des recoins, navigué sur les eaux, conversé avec les pierres et brillé parmi les étoiles... D’une taille plus petite, le cube-miroir apparaît dans des paysages extérieurs, indéfinis mais reconnaissables : un bord de mer, un environnement minéral, des rochers, peut-être des ruines, une forêt, dans les herbes, face au ciel... Ses facettes restituent son environnement et bousculent les perspectives ; le hors-champ devient visible, le haut est en bas, les côtés font face. Dans ces paysages morcelés, où le temps semble suspendu, l’absence de présence humaine n’en rend que plus fragile la présence - parfois totalement incongrue - du cube-miroir, et plus grand ce qui l’entoure, comme si cette réalité distendue et anachronique était chargée d’un caractère dramatique et intime. La variété des formats et des supports influent aussi sur la perception que l’on a de ces territoires, infinis et sans âge dans les grands formats, plus « au cœur » dans les petits. Initié dans une première série Back Home, concomitante « à un besoin extrême de nature », c’est sans doute avec ce travail que la « conscience » prêtée au cube miroir est la plus perceptible, en ce sens qu’il est pour l’artiste « un révélateur de la subjectivité de notre point de vue ». Comme Back Home, la série actuelle est en substance un véritable manifeste pour la protection de l’environnement et de la planète, qui est pour S. Matamoros un enjeu majeur de notre société. Par ses chemins détournés Empreinte cosmique interpelle sur l’empreinte carbone et l’empreinte écologique, qu’il n’est plus possible d’ignorer. L’artiste fait aussi souvent référence à l’overview effect (l’effet de surplomb) dont parlent les cosmonautes lorsqu’ils voient la Terre depuis l’espace, moment où ils prennent conscience de sa place dans l’univers : un astre de petite taille, flottant dans l’immensité du vide, belle et fragile. L’expérience qualifiée de mystique par certains, change la vision du monde et le rapport à la nature. Telle pourrait être l’ambition de la série : susciter une vision plus holistique de notre environnement et redonner à chaque élément sa valeur dans le cycle de la vie pour mieux la préserver.  Deux sculptures récentes Le rêve du cube et Esquarre faites avec du papier naturel montrent le cube-miroir à différents stades de sa « vie » : la première, embryonnaire, d’une taille minuscule, comme en nidification, la seconde, réduite à une ossature squelettique.  

 

A ces récits contemporains de science et de fiction, où la réalité n’est jamais aussi réelle que lorsqu’elle paraît surnaturelle, Empreinte cosmique se fait une messagère intuitive. Des recherches récentes sur les exoplanètes (en dehors du système solaire) laissent à penser qu’il y aurait des traces de vie extra-terrestres sur la Terre. Il n’est donc pas totalement absurde de considérer le cube-miroir visible dans la vidéo qui le montre sur une plage, balloté par les vagues, comme un objet extra-terrestre réel, amenant sur la Terre des composants d’organismes vivants cosmiques, non encore identifiés ! De même, on pourra choisir d’interpréter comme des présages les motifs des « entrailles » du cube-miroir brisé en huit éclats, pour en savoir plus sur le devenir de notre planète et de l’univers. Peut-être y lira-t-on que la matière cosmique et la matière terrestre ont la même origine, que la profondeur du cosmos rejoint celle des océans, que l’oscillation de la courbure de l’espace est aussi fine qu’un battement de cils, et que la symbiose entre organismes vivants et non-vivants constitue les prémices d’une anthropologie nouvelle. Une trace lointaine de l’univers déposée jusqu’à nous.  

Marie Gayet  

 

 

*Seti : Search for Extraterrestrial Intelligence, en français « Recherche d’intelligence extraterrestre »  

1- Chroniques martiennes, Ray Bradubury, trad franaisie, Denoël 1954 

2- A l’aube de nouveaux horizons, Nathalie Cabrol,  Seuil, 2023 

3- Le cube miroir a été montré pour la première fois à l’Eglise Saint-Ambroise, Paris 11èdans le cadre de la Nuit blanche 2023 

4- La Vie sensible Emanuele Coccia, , Rivages poche, 2013 

5- Inclusions, Esthétique du capitalocène Nicolas Bourriaud, Coll Perspectives critiques, Puf, 2021 

PHOTOS empreinte cosmique

©Sandra Matamoros

du 29 juin au 20 juillet 2023 - Paris 3eme ardt
19 Rue des Filles du Calvaire
Le Rêve du Scaphandre

Présentation

Elora Weill-Engerer     Commissaire de l’exposition

 

 

 

Nombreux sont les nageurs qui ressentent une telle intensité de sensation sous l’eau qu’elle en devient spirituelle. L’eau, selon leurs dires, leur offre une vacance de soi qui se traduit par la perte des notions d’espace et de temps. L’être, sous l’eau, n’est pas dans la nature, il est la nature. Dans le domaine des arts visuels, le leitmotiv de l’œuvre « immersive », - élargie récemment depuis les dispositifs expérientiels où la place du spectateur est centrale jusqu’à l’ensemble des supports plastiques -, suppose le fantasme d’une fusion totale du spectateur avec ce qu’il voit, reprenant les principes de l’immersion en milieu liquide.

L’œuvre immersive n’est plus un objet dans l’espace, mais constitue l’espace même qui engloutit le corps et le regard. Aujourd’hui, même un tableau peut être dit immersif : le spectateur est dans l’œuvre comme il serait dans l’eau. L’image, dès lors, n’est que périphérie, marge, qui se regarde sur le côté de l’œil et s’appréhende par les extrémités : on n’en perçoit jamais le centre. Une œuvre plastique peut-elle vraiment produire les mêmes effets que l’eau sur le corps du spectateur ? N’est-elle pas entravée dans ce projet par les limites propres à la matière artistique ? La pensée bachelardienne suppose que la rêverie la plus éthérée est toujours lestée d’une matière, d’un poids : le désir de sensation totale doit s’arrimer à quelque chose. C’est à cette tension que l’exposition Le rêve du scaphandre souhaite s’atteler, tension déjà contenue dans sa formule oxymorique : le scaphandre descend quand le rêve monte. Mais l’inverse fonctionne aussi.

L’eau est l’élément par excellence d’une imagination ouverte qui déborde de son cadre et s’enroule autour du spectateur. Le fondateur du rationalisme moderne, Descartes, écrit à la fin de sa deuxième méditation : « C’est comme si j’étais tombé dans une eau très profonde ». C’est la définition du doute, qui fait perdre pied au sujet jusqu’à ce que, dans l’immensité, il ait au moins appris de manière certaine qu’il n’y avait rien de certain. L’eau, au sens orphique, est l’élément non-logique des origines et de la fin, qui se sent plus qu’il ne se sait. Il invoque un principe circulaire non linéaire, liant l’être individuel avec le cosmos : flottaison, immersion, contemplation, plongeon constituent des expériences-limites du corps et définissent l’eau non pas par ce qu’elle est mais par ce qu’elle nous fait. Les Grecs de l’époque archaïque décrivaient la mer par toutes les couleurs du cercle chromatique (très rarement le bleu) et plus encore par ses états et ses affects : calme, agitée, monstrueuse, protectrice. L’universalité d’une définition a priori de l’eau est ici remplacée par la singularité de sa perception sensorielle. Aussi, les œuvres de l’exposition Le rêve du scaphandre sont des propositions symboliques, littérales, biaisées ou écologiques de l’eau qui montrent un panel de formes, matériaux et couleurs traduisant visuellement des sensations parfois non visuelles et propres à l’eau (auditives, tactiles, olfactives). L’eau en tant que principe vivant et transformateur se voit conférer un statut créateur en soi. Dans la rêverie matérialisante - rêverie qui rêve la matière -  est contenue une poésie dynamique : les choses sont ce qu’elles deviennent et l’eau est vécue avant d’être pensée, dans ses contradictions : « Pour rêver la puissance, il n’est besoin que d’une goutte imaginée en profondeur » (Gaston Bachelard, L’eau et les rêves. Essai sur l’imagination de la matière [1942]).

Elora Weill-Engerer

 

 

Diplômée de l’École du Louvre, de Paris IV et de Paris I, Elora Weill-Engerer est historienne de l’art, auteure et commissaire d’expositions indépendante, membre de l’AICA et de C-E-A.

Dans ses commissariats d’expositions, elle envisage la curation comme un espace de recherche textuel et symbolique. Elle enseigne à Paris I et à l’École du Louvre.

PHOTOS Le rêve DU SCAPHANDRE

©Mona Mill et Melvin

du 11 au 23 octobre 2022 - Paris 5eme ardt
36 Rue du Fer-à-Moulin

VIDÉOS d'artistes
©Mona Mill

photos regard du temps
Le Rêve du scaphandre
Vidéos
Le Regard du temps
Exposition Regard du temps avec nom arti

PHOTOS Le regard du temps

©Mona Mil

du 2 au 12 juin 2021 - Paris 5eme ardt
Parcours saint Germain
L'écho du silence
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Du 8 au 22 Sept 2020 au 16K - Kremlin Bicêtre

Parcours VIP Art Paris Art Fair

Présentation

Le monde citadin, foyer du tumulte des gens pressés et des sonorités urbaines ne laisse plus la place au silence. La perception de l’homme en devient lacunaire et restrictive. L’exposition L’écho du silence nous interroge sur notre capacité à écouter, à percevoir et à ressentir le monde. L’astrophysicien Hubert Reeves ex- plique que le rôle de l’homme est de « donner un sens à la réalité.» L’humain privilégie souvent une stratégie d’ « opposition » définie par une soif de puissance (instinct de survie). Nous sommes témoins aujourd’hui d’une situation globale préoccupante sur les enjeux éco- logiques. Les réponses sont mises en demeure alors qu’il existe également dans la nature une logique complémentaire à celle de puissance : la logique de « coopération ». La pollinisation en est un exemple, les oiseaux et papillons en s’abreuvant du nectar des fleurs leur per- mettent de se reproduire.

17 Artistes

Béatrice Bissara

Dorian Cohen

Esmeralda Da Costa

Léa Dumayet

Julia Gault

Charlotte Gautier Van Tour

Anouk Grinberg

Julie Legrand

Sandra Matamoros

Laurent Pernot

Johanna Perret

Francesca Piqueras

Dorothée Louise Recker

Estera Tajber

Nicolas Tourte

Jean-Claude Wouters

Alexandre Zhu

Équipe

Commissaires

Clarisse Russel

Valérie Delaunay

Textes

Clarisse Russel

Organisateur

Frédéric Lorin

Assistante

Maria Cristina Lattarulo

Lieu

16K

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Vision

anthropocentrique

Les artistes, résistants et visionnaires, nous apportent leur regard singulier sur ce qu’ils entendent par les mots nature et éléments. Quelle perception les artistes ont-ils de la nature ? Comment s’intègre-t-elle dans leur travail ? Dans quelle mesure nous aident-ils à prendre conscience des possibilités d’une réalité plus coopérative et harmonieuse ? Dans ces temps d’émulation, il nous est offert une chance de voir différemment notre environnement. L’homme, en changeant son regard et en développant sa sensibilité, peut agir positivement sur son milieu. Le naturaliste Alexander Von Humboldt explique que pour comprendre la nature, l’émotion et la poésie sont nécessaires. Notre subjectivité alliée à notre intelligence nous permet d’entendre le monde, d’en saisir son unité, et par conséquent de le respecter et de l’aimer.

Notre vision occidentale anthropocentrique ne mérite-t-elle pas d’être repensée ? Dans notre société occidentale, la vision macrocosmique est souvent oubliée, pour être centrée sur les êtres “ terrestres ”. Comme écrit Platon dans Protagoras : ‘‘ l’homme est la mesure de toutes choses ”. L’homme occidental a développé une position en surplomb, en retrait avec son environnement. L’anthropologue, Philippe Descola montre que le concept de nature est questionnable. En effet, pour les occidentaux la nature réfère aux non-humains. Il y a une distanciation sociale entre l’homme et ce qui ne l’est pas. Alors que pour d’autres cultures comme par exemple, la tribu Jivaros Achuar d’Amazonie, les Kogis de Colombie ou encore les Bishnoïs en Inde, le concept de nature n’existe pas. L’homme fait partie d’un tout où les plantes, les animaux sont à l’égale des hommes ayant chacun une âme et une vie autonome.

PHOTOS ECHO SILENCE

PHOTOS L'ÉCHO DU SILENCE

©Mona Mil

du 8 au 22 Sept 2020 au 16K - Kremlin Bicêtre
Parcours VIP Art Paris Art Fair

VIDÉOS d'artistes

©Wipart

videos echo du silence