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This is a great place to tell your story and give people more insight into who you are, what you do, and why it’s all about you.
eternelles errances
07.03.25 - 15.03.25
Et si les œuvres étaient des portails permettant aux murs en béton brut du Centre Wallonie-Bruxelles d’être traversés, comme des surfaces fluides et transparentes, donnant accès à des territoires inconnus ?
Errer dans l’espace d’exposition, c’est se laisser porter par ces trajectoires qui ne mènent pas à une destination finale mais qui, au contraire, prolifèrent au-delà du cadre figé, recomposant sans cesse de nouveaux possibles. Chaque pas nous éloigne du présent immédiat pour nous plonger progressivement dans des espaces inexplorés, soient-ils des imaginaires lointains ou au plus profond de notre intimité.
éternelles errances est un fragment de phrase tiré du récit et la mer pour demeure de Chantal T. Spitz1. Repartir d’une histoire pour en raconter d’autres, comme des formules mathématiques aux parenthèses infinies, dont certaines se sont ouvertes sans jamais se refermer. Une métaphore du travail artistique, fait de recherches, de remises en question, de rebondissements et de prises de recul. Mais aussi du parcours de l’artiste, fait de rencontres et de bouts de trajets partagés, de dialogue et de confrontation à l’altérité. L’errance devient alors une aventure humaine, le long de la route de briques jaunes2.
À travers une pluralité de voix, l'exposition nous invite à l’exploration. Angèle Guerre, avec sesdessins surgissant derrière des fragments de miroir, brouille les pistes, nous projetant dans d’autresdimensions, dans un temps parallèle à celui de notre reflet présent. Avec Raphaëlle Peria, nousempruntons des chemins inédits qui, pourtant, pourraient résonner avec une mémoire familière,saisissant l’extraordinaire dans l’ordinaire. Ainsi troublés, on se retrouve à observer les détails lesplus minutieux d’un paysage, à bifurquer, à se perdre en s’y immergeant.
Les proportions changent : comme dans un roman de Jules Verne3, les fleurs de taille monumentale de Sophie Le Gendre bouleversent l’échelle du regard et redéfinissent la posture du spectateur.Elles l’invitent à un état d’éveil, à être plus captif de son propre potentiel, entre force et fragilité.Le végétal, l’animal et le minéral deviennent des vecteurs de perception et d’expression, capturant sensations et souvenirs ensuite retranscrits dans la matière à travers un geste artistique maîtrisé, d’une attention et d’une précision chirurgicales : grattage, frottage, scarification, incision. Un terme, ce dernier, qui trouve écho dans le travail intime d’Eliza Magri, où le corps, la main et la peau deviennent des lieux de passage, oscillant entre retenue et libération - une dualité explorée aussi par Alizée Gazeau dans ses peintures. Filets de pêche, hamacs ou encore cuir de selles usées dans ses sculptures, les objets qu’elle collecte portent les traces d’actions passées dont les effets demeurent perceptibles. Chaque œuvre agit comme une ligne de fuite4, ouvrant des passages entre visible et invisible dans un processus en perpétuelle mutation, fluide et ouvert.
En faisant un pas de côté, nous nous retrouvons dans un espace géocosmique autre, entre la cavité d’une grotte et une planète parallèle. Léa Barbazanges, Anaïs Lelièvre et Clara Imbert nous entraînent dans des voyages où l’infiniment petit rejoint l’infiniment grand. Un grain de sable, un coquillage ou le creux d’une roche peuvent aussi bien révéler l’origine d’une construction architecturale, de la naissance de la vie ou encore de ce qui nous relie à d’autres mondes.
Au cœur de la matière se rencontrent les lois fondamentales de notre existence, dévoilant les mystères insondables de l’univers et de notre propre intériorité. Entre rigueur scientifique et dérive poétique, les artistes tissent des narrations mouvantes, où chaque vide devient une ouverture vers d’autres récits. Dans les tableaux de Juliette Lemontey, des figures suspendues nous tournent le dos, le regard porté ailleurs, tandis que les motifs s’échappent de la toile pour en compléter une autre.
L’exposition se clôt sur une invitation à franchir le seuil, à oser soulever le voile du réel pour regarde rentre les trames de la matière et voyager hors cadre, se laissant porter par notre imaginaire.
À partir des notions de psychogéographie et d’errance comme méthodes chorégraphiques, Franziska Böhm et Hannah Archambault proposeront, le 8 mars 2025, une exploration acoustique et spatiale depuis les espaces en marge, les murs de la salle d’exposition.
Marianna De Marzi
Commissaire d'exposition
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