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André Mérian  est né en France et vit à Marseille. Dans ses photographies fabriquées ou documentaires, la banalité, le dérisoire, le commun, voire l’invisible, nous interrogent sur la représentation. Il expose régulièrement en France et à l’étranger. Ses travaux font partie de collections publiques et privées, et font l’objet de différentes monographies.  Quoi de plus commun que de photographier à partir du point de vue d’une fenêtre ? Cet ensemble d’images nous interroge sur cette question. Des livres posés sur une table face à une fenêtre dont le rideau translucide laisse apparaître des éléments urbains, une passerelle routière, une architecture froide voire glaciale confrontée au calme de la mer méditerranée, des papiers peints fantaisie représentant des vues d’un ciel nuageux, un faux coucher de soleil comme décor, une image pratiquement en noir et blanc où on a l’impression de se retrouver face à une forme de vitrail éclairé par la lumière du jour,  un paysage rugueux fermé par une architecture en béton surgissant d’un mur monochrome bleu.

André Mérian

Photographe française, Charlotte 4B file la métaphore de ses frontières invisibles autour du sujet de la transparence en général, et de la fenêtre en particulier. Originaire de Paris et vivant à l’étranger depuis 13 ans, elle s’interroge sur les identités mosaïques et en perpétuelle évolution de ceux qui, comme elle, sont chez eux partout et ne se sentent plus vraiment de nulle part. Elle aime la lumière et ses ombres, la couleur et leurs contrastes, les formes et les textures. Ses photos, telles des collages, attrapent la poésie qui se cache dans la vie de tous les jours et la cristallisent.  Lauréate du Prix des Talents Boulonnais en 2019, elle vient de publier son premier ouvrage intitulé “Hemifrån”. Elle a choisi d’illustrer ses réflexions par le biais de la thématique de la fenêtre : à la fois frontière physique entre l’intérieur et l’extérieur, et limite philosophique entre le connu et l’inconnu, le visible et l’invisible, ce qu’on voit et ce qu’on ressent. La fenêtre est censée nous apporter une ouverture objective sur ce qui s’y trouve derrière, et la clarté du verre donne l’illusion de pouvoir y voir à travers.

Charlotte 4B

Photographe français né en 1977, Frédéric Stucin vit et travaille à Paris. Spécialisé dans les portraits de personnalités ou d’anonymes, notamment pour la presse où il publie également des reportages, il mène en parallèle un travail plus personnel. Dans ses deux dernières séries, il nous plonge dans des atmosphères nocturnes énigmatiques créées de toutes pièces, dans un procédé proche de celui de la nuit américaine pour le cinéma. Il photographie en journée, toujours avant la tombée de la nuit, et dissimule dans le décor des éclairages qui donnent aux lieux qu’il visite l’apparence de studios photographiques ou de plateaux de tournage. Son travail mêle ainsi étroitement exploration du réel et de l’imaginaire. En 2020, Frédéric Stucin a été lauréat du prix Eurazeo avec sa série “Le Décor” réalisée à Paris pendant le confinement. Dans sa série Le Décor il a capturé les rues de la capitale vidée de ses habitants en 2020. Il photographie un Paris désertique, devenu « un décor, le gigantesque plateau d’un tournage suspendu », selon ses propres mots. On suit, de loin en loin, quelques rares personnages anonymes qui marchent d’un pas pressé dans cette atmosphère crépusculaire.

Frédéric Stucin

sabelle Scotta, née à Brest, vit et travaille actuellement à Paris. Autodidacte, elle a expérimenté différents médiums comme le graphisme, le dessin et la gravure, mais ce besoin d’être en mouvement et d’arpenter des territoires l’a plutôt portée vers la photographie. Elle s’interroge sur l’appropriation et l’adaptation des Hommes au territoire, sur les objets et architectures porteurs de récits et tout ce qui participe à la construction de nos sociétés et d’une mémoire collective. Dans un monde standardisé, uniforme, où tout se mesure, s’évalue, se contrôle, elle cherche à s’extraire du réel et renouer avec l’imaginaire. Royan est un exemple de ville rebâtie sur les ruines de la guerre, redessinée sur le modèle architectural brésilien des années 40, le tropicalisme. Détruite dans sa quasi-totalité, il a fallu réinventer rapidement la ville, la rêver différemment et repenser un monde moderne. Cette série réalisée la nuit fait ressortir cette projection architecturale et futuriste des années 50 dans laquelle les hommes semblent avoir déserté les rues, laissant pour seul paysage les vestiges d’un vieux rêve. La série Indoors est un parcours mémoriel fait de paysages et d’éléments familiers qui l’interrogent sur la façon dont nous vivons le territoire. De la fenêtre de sa maison familiale, l’immobilité et le silence rayonnent pour défaire les éléments de leur matérialité et leur donner une présence propre. Chaque image devient un indice, une fiction, un souvenir, l’amorce d’un nouveau conte.

Isabelle Scotta

ulie Poncet est une photographe plasticienne née en 1982.  Agronome de formation, elle se tourne vers la photographie en 2013. Sa démarche allie autoportrait, création de décors et scénarisation et s’inscrit dans la continuité du Narrative Art. Elle conçoit sa photographie comme un divertissement dans lequel le spectateur est invité à dépasser la façade en apparence légère et colorée des images et à questionner ses propres projections, notamment autour de la féminité. Elle remporte en 2016 le 2e prix Picto de la Mode. “Comme un poisson dan sun bocal “est une série d’autoportraits réalisés dans des lieux abandonnés, une discipline photographique appelée : urbex (exploration urbaine). La série met en scène une femme  qui se retrouve comme un bibelot oublié dans ces lieux abandonnés. À l’instar du poisson rouge, celle-ci n’est pas à l’aise dans son environnement, elle est repliée sur elle-même, niant le monde qui l’entoure, refusant la décrépitude qui l’envahit. Elle n’est plus qu’une petite tache rouge au milieu de ces murs tapissés, un élément décoratif inanimé. Un écho au ressenti des personnes souffrant d’éco-anxiété dans un monde en plein déclin écologique et climatique.

Julie Poncet